Le slogan de Kodak: "Appuyez, nous faisons le reste" a inscrit dans les consciences la croyance que les photographies sont faites par des appareils. Ainsi répondant à un vieux fantasme de l'homme, celui d'approprier le monde en créant un double parfaitement identique à l'original. Alors la presse publie des photos censées prouver la véracité des faits et les authentifier: la photographie est synonyme de vérité. Pour moi, nul ne l'est. Le photographe catalan Joan Fontcuberta a depuis les années 70 poussé les limites de la photographie très loin pour montrer que la vérité en photo est illusoire. Il fait des collages et autre photomontages, qui interrogent le specateur, et ces manipulations 'sur'réalistes sont un monde en soi.

Une autre source d'inspiration pour moi est l'Italien Germano Celant, qui publie en 1967 son Manifesto of ​Arte Povera, Notes for a Guerilla. Il s'oppose aux structures imposées par le pouvoir industriel et économique, créant la société de consommation pour qui tout est devenu marchandise. Ses idées aboutissent à un mouvement d'artistes comme Michelangelo Pistoletto,Jannis Kounellis, Giovanni Anselmo, Luciano Fabro, Gilberto Zorio, Mario Merz. Ils utilisent des éléments de base, simples comme le sable, la terre, le jute, le goudron, le fer, le bois, et aussi des vêtements usés. Cela pour affronter les conventions. Plus tard, dans les années quatrevingt naisse la Foto Povera. Les photographes font leurs images avec des appareils jetables, la lomographie, le sténopé, et maintenant avec des téléphones portables, rejetant la perfection des images et de l'équipement,  et cela en poussant la photographie en dehors ses  limites habituelles.

En France Foto Povera voit le jour en 2005, inspiré par Yannick Vigouroux.

Dans mon approche de créer des images j’utilise le sténopé et l'infrarouge, mais la plupart des prises de vue sont réalisées avec du matériel habituel, sachant que je ne reproduise pas la vérité, mais que je montre un monde qui va au-delà avec ses propres lois: à déchiffrer...